lundi 31 juillet 2017

Merci.

J’ai débuté ce blogue le 17 février 2010, à une période de ma vie où tout était encore à faire. Une période où je découvrais encore un monde, celui de la publicité et des marques, un univers aux millions de facettes, parfois fascinantes, parfois déprimantes, souvent ambivalentes. J’ai débuté ce blogue et j’ai parcouru une partie importante de ma carrière exposé aux critiques de ceux qui me lisaient, souvent constructives, parfois dithyrambiques, quelquefois dures, parfois trop dures. Mais c’est ce que je recherchais: discuter, échanger, parfois même me quereller. J’avais choisi d’être polarisant, avec les avantages et les inconvénients. J’étais naïf, très. Mais avec la meilleure intention du monde. Je vous le jure.

J’ai progressé, évolué, j’ai passé presque cent fois à la télé pour en parler, mais j’ai surtout investi toute mon énergie dans une agence, Défi marketing à l’époque, puis dans sa refonte, Camden, concrétisée avec ma complice Marie-Michèle Jacques en 2015. Cette agence, en quelques années, est passée d’agence boutique d’environs 10 membres au statut d’une d’agence de moins en moins petite, qui compte présentement 32 experts que je respecte énormément. Cette évolution nous mènera à Toronto en octobre, avec un nouveau bureau, et en Europe en 2018, où s'aboutira l’essentiel de notre plan stratégique de croissance. Nous allons faire pour Camden ce que certains groupes internationaux font avec les agences d’ici, qu’ils achètent à fort prix. Et nous tâcherons de ne pas vous faire honte. Mais réaliser tout ça comporte son prix.

Soyons clairs: nous réalisons nos rêves. Or, pour convertir ces idées en réalité, il faut s'investir encore et toujours plus. Je ne veux plus m’investir au prix de ne pas suffisamment voir mon fils grandir. Ce n’est pas envisageable. Mon temps est compté, calculé, soupesé, et j’ai choisi de ne plus me consacrer à un blogue mais plutôt à la réalisation d’une grande vision, celle de ma vie, avec mon amoureuse, nos enfants, nos amis et notre grande famille chez Camden. 

La fin de FacteurPub est un deuil pour moi. Plus que je ne l'anticipais. Ce sont des centaines de souvenirs qui remontent, 462 pour être précis, et des dizaines de connaissances, dont plusieurs m’ont marqué. Ce sont aussi des amitiés qui ont émergé dans la réalité. FacteurPub, c’est tout un pan de ma vie. C'est maintenant un chapitre à tourner.

Un immense merci à tous les lecteurs de ce blogue à travers les années. Vous m’avez soutenu à certains moments où j’étais vulnérable, vous m’avez poussé à penser mieux, à me reculer pour voir la forêt, à me remettre en question. Jamais je n’aurais daigner imaginer comment cette idée, un peu improvisée à l’époque, aurait à ce point cristallisé ma pratique professionnelle, ma vision entrepreneuriale et mon amour sincère pour l’écriture, en toute humilité.  

Pour terminer, je tiens à remercier en particulier certaines personnes qui m’ont marqué et qui ont marqué ce blogue. Merci Normand Boulanger de m’avoir beaucoup aidé pendant plusieurs années et de m’avoir introduit à des dizaines de sujets intéressants, en plus de m’avoir assisté techniquement. Merci Sylvie Gagnon d’avoir signé deux super billets publiés ici et d’être devenue une amie. Finalement, merci Alena Schwing pour avoir contribué à un souffle nouveau de FacteurPub avec plusieurs très beaux billets teintés par ton amour de la langue.

Le monde va vite, les projets pullulent, mais je vais toujours écrire. À tous ceux et celles qui voudraient continuer à me lire, c’est vraiment sur LinkedIn que ça se passe depuis quelques temps et que ça va continuer de se passer. C’est ici et ça me fera vraiment plaisir qu’on se «connecte». 

Adieu ou à bientôt.

Sincèrement, 

Mathieu

jeudi 15 décembre 2016

Merry Camden !























Noël est un pointeur. Un pointeur vers le passé. Sur notre passé: récent, lointain. Vers une société qui n’est plus. Un pointeur sur la pauvreté et sur notre pouvoir d’achat. Un pointeur sur les enfants, sur la famille, sur nos relations avec les autres. Sur la solitude aussi. Noël est un référent. Il se voit, se sent, s’entend. Et pour toutes ces raisons, Noël se ressent. En bien ou en mal, en confort rassurant ou en détresse insoutenable. 

En publicité, Noël est généralement la période des bonnes intentions, celle des marques qui se drapent dans la nostalgie et les belles valeurs. Faut les comprendre, les entreprises jouissent naturellement de deux angles rêvés pour joindre le consommateur: celui de la pertinence qui répond à la canalisation d’une période de surconsommation indécente, puis celui de la nostalgie qui vient «sugarcoater» la pilule pour qu’elle s’avale mieux. C’est de bonne guerre, la concurrence aidant. 

Chez Camden, nous avons décidé cette année que Noël serait festif et qu’il représenterait une belle occasion de s’immerger dans différentes ambiances. Il faut comprendre que chez nous, comme dans plusieurs agences et entreprises, la lumière est démocratisée, ce qui signifie que tous évoluent dans nos aires ouvertes, sur un même pied d’égalité. En clair, pas de hiérarchie transposée par l’occupation d’un bureau en coin avec fenêtres et divan en cuir capitonné, mais plutôt différents bureaux en mode libre-service, qui demeurent disponibles au besoin. Or, ces bureaux portent tous le prénom d’une célébrité qui a influencé l’ADN de l’agence. Ce sont donc ces bureaux et leurs univers respectifs que vous découvrirez en images et en musique dans notre trip interactif de Noël disponible ici

Je tiens à remercier Alena Schwing, qui a pondu l’idée et qui a grandement contribué à la concrétiser, Sandrine C. Cyr pour s’être comme toujours surpassée à la production, Fred Roy pour le design de feu, Nicolas-Julien Bougie pour les animations, André Proulx à la programmation, sans oublier notre éternel complice Nicolas Legendre pour la réalisation. Sachez aussi qu’une grande partie de la gang de Camden a participé candidement aux tournages en y faisant de la figuration. C’est une équipe d’exception que je désire remercier également, en cette période spéciale, pour son implication, son professionnalisme et sa passion. 

Joyeux Noël, #MerryCamden, on se reparle en 2017 !


mathieu

mercredi 16 novembre 2016

La mort aux trousses ? Vraiment ?

J’ai lu à quelques reprises cette année différents billets qui annonçaient la mort de la publicité. Voici ce que j’en pense.

Il n’y a jamais rien eu de très romantique à être publicitaire. La publicité représente simplement une portion d’un maillon du marketing qui permet généralement à une marque d’entrer en contact avec le consommateur pour lui signifier trois choses, dans l’ordre ou le désordre : 

1- j’existe et voici mon nom
2- ma nature est la suivante
3- achetez-moi (ou adhérez à mes idées) : voici pourquoi

Peu importe la manière dont vous allez jouer vos cartes, peu importe l’histoire que vous allez raconter, que ce soit par le saut créatif absurde, l’humour, le drame, l’étonnement, que vous le fassiez mal ou bien, la publicité vous ramènera invariablement à ces trois notions. Le reste n’est que chimères. La publicité n’est pas là et n’a jamais été là pour valoriser les individus. Certes, certains y excellent et méritent toute la reconnaissance qu’ils récoltent. Mais s’ils excellent, c’est qu’ils (ou elles) comprennent que la publicité existe pour vendre, dans une économie de marché où la concurrence est plus vive que jamais et où le nombre de produits s’est décuplé. Elle va divertir pour vendre. Vous émouvoir pour vendre. Mais elle ne le fera jamais gratuitement. La publicité, quand elle ne veut pas vous vendre une idée ou vous sensibiliser, désire essentiellement déplacer votre fric de votre compte de banque vers celui d’une marque, qui elle, devra satisfaire les attentes d’actionnaires dont la perspective est aussi courte qu’une jupe d’Ariana Grande. Il n’y a absolument rien de poétique là-dedans. Pas plus aujourd’hui qu’il y a 30 ou 50 ans. Vendre.

En 2004, environ 7 milliards $ étaient investis en publicité dans les trois médias de masse les plus importants (télé, radio, quotidiens) au Canada*. Plus de 325 millions $ étaient placés sur le Web à l’époque. En 2013, une somme totale de 10,2 milliards de $ y était consacrée, en hausse d’environ 43 % sur moins de 10 ans. On a déjà vu mieux comme mort. La seule différence, c’est que les entreprises préféraient alors jouer le jeu de la publicité en ligne, et ce à hauteur de plus de 3,5 milliards de $. Une progression fulgurante, mais notée par tous depuis plus d’une décennie. Zéro suspense là. La télé ? En faible baisse. La radio ? En augmentation à peine notable, mais constante. Et oui, les quotidiens sont tombés en ruine pendant cette période, en décroissance d’environ 35 %. Mais les investissements totaux avaient crû de plus de 40 %. Connaissez-vous des entreprises qui investissent de manière récurrente dans le vide ? Moi non plus. 
Nous avons simplement assisté à un jeu de vases communicants. Vendre autrement mais vendre quand même.

Et à ce que je sache, l’immense majorité des messages publicitaires, tous médias confondus, consistaient encore et toujours à signifier au consommateur les trois mêmes notions mentionnées précédemment. Bien sûr, certains canaux bidirectionnels ont fait leur apparition et demeureront. Les publireportages insipides ont graduellement laissé place à une version « nouvelle et améliorée », un Saint Graal nommé « marketing de contenu ». Mais ne sous-estimez pas la capacité du consommateur à flairer ce truc, aussi ludique soit-il. Il sait, il sent et il s’en balance généralement. Le marketing de contenu a favorisé l’émergence, au-delà de certains joueurs sérieux, de toute une classe de grabataires qui s’imaginent photographes, réalisateurs ou pire encore, journalistes. Ces petits vecteurs commerciaux, la plupart du temps terriblement insignifiants, se vautrent dans les trucs gratuits et invitations VIP, obtenus en retour d’une visibilité sur leur blogue ou sur les réseaux sociaux, mais n’ont généralement peu à offrir en terme d’efficience réelle pour les marques. Les « influenceurs » existent, bien sûr, mais ils sont moins nombreux que ce qu’on l’on pourrait croire. Un fait demeure, tout ça n’est que de la publicité. Trop souvent de la très mauvaise publicité. Qu’elle valorise maladroitement des marques qui embarquent dans le jeu ou encore nos marques personnelles, ça demeure de la publicité quand même. La publicité est partout, plus que jamais.

Le zapping-zipping des messages télé s’est graduellement accompagné de bloqueurs de pubs sur le Web. Une bonne partie des audiences, la génération Y et celle qui la suit, désertent les grandes chaînes généralistes pour la télé numérique et ses variantes, rendant au passage millionnaires des youtubeurs comme Cyprien et incontournables des séries comme Stranger Things. Les défis des publicitaires sont immenses. Mais les besoins des marques demeurent. Et bon nombre de consommateurs se retrouveraient totalement désorientés sans la publicité comme repère de leur propre identité. Jamais ils ne vous le diront, comme jamais ils n’admettront, en groupe de discussion, avoir acheté une BMW pour établir leur standing auprès de leurs proches. Ils préféreront plutôt faire diversion sur des notions comme la performance et la qualité de l’ingénierie. Mais quand ils vont au Carrefour Laval le samedi, par hordes de milliers avant l’heure du dîner, ils savent excessivement bien quelle marque choisir pour combler leur vide et exposer leur essence. La publicité les a bien aiguillés, car elle n’a jamais été aussi présente dans leur vie. J’en suis tout comme vous. Peu y échappent. 

La publicité n’est pas morte. Pas plus que le cinéma, les arts visuels ou la lasagne de maman. L’idée romantique que quelques-uns s’en font, là oui, peut-être. Mais vous savez, s’il y a une discipline qui exige de ne jamais trop s’attacher au temps qui passe, c’est bien la publicité. Non, la publicité n’est pas morte, pas proche, elle est même plus vibrante que jamais. Et elle me passionne en toute lucidité, pour ce qu’elle est vraiment et pour le rôle qu’elle peut jouer auprès des entreprises d’ici, qui méritent de se démarquer et de se consolider dans une ère de globalisation agressive. Que ceux qui y œuvrent assument leur choix ou qu’ils quittent pour leur voilier ou leurs souvenirs teintés. Moi, et nous sommes légion, j’ai décidé de rester.

mathieu


*Source : IAB Canada - Rapport sur les revenus de la publicité Internet, 2014

dimanche 17 juillet 2016

Ses yeux rieurs

La promenade des Anglais, Nice, le 24 juin 2016, vers 15h. Photo: Mathieu Bédard





























Hier nous y étions. Enfin pas hier mais presque. C’était le 24 juin dernier. Antoine marchait lentement le long de la promenade en me demandant pourquoi nous n’avions pas apporté nos serviettes et maillots. Il faisait chaud, mais une brise de la Corse adoucissait le moment. Il regardait les uns jouer au volleyball de plage, puis les autres, prélassés, exposés au soleil intense. Aucun nuage dans le ciel. En croisant la zone destinée à diverses activités de l’Euro 2016, nous nous sommes arrêtés pour regarder jouer des jeunes à une version minimaliste du foot, dans un mini-terrain entouré d’un filet, aménagé pour l’événement. Ils étaient hallucinants de talent. Ensuite nous avons mangé un sorbet chez Fenocchio, mangue et fruit de la passion pour lui, citron et pêche de vigne pour moi. En traversant la vieille ville pour nous rendre au sommet du parc du Château, où se tenait un rassemblement de la gauche, nous nous sommes arrêtés dans un petit parc escarpé pour boire un peu d’eau à l’ombre. Un itinérant dormait paisiblement sur le banc d’à côté. Plus loin, deux femmes voilées laissaient leurs enfants s’amuser à courir après les pigeons. Antoine m’a rappelé qu’il aimait faire ça quand il était petit. Que parfois l’envie lui revenait de se sentir souverain de ces usines à déjection qui abiment tant les statues. Rendus au sommet, il a joué avec plusieurs enfants dans un plus grand parc, s’amusant à escalader cette immense toile d’araignée dont la cime était atteignable, mais non sans effort. Il m’envoyait régulièrement la main pour que je témoigne de son ascension et que nous gardions le contact. À quelques mètres de là, j’ai pris des photos du port et, par la suite, en me rendant de l’autre côté du jeu, j’ai capté la promenade des Anglais, où nous déambulions quelques instants plus tôt. Elle s’allongeait maintenant jusqu’à l’aéroport, bordée de plages de galets qui semblaient désormais du sable fin, tellement nous étions loin. La vie était parfaite. Elle le redeviendra. 

Ma génération n’a jamais connu la guerre. En fait, ma génération n’a pas connu grand chose. Peut-être est-ce pour ça que ses ténors ne savent que critiquer, englués dans une mécanique stérile de dérision, de cynisme et de simplification. 

Après une bonne heure à gravir des jeux et à prendre des photos, nous sommes redescendus directement vers le bord de mer et avons rejoint notre petite Polo stationnée sous le Méridien, à une quinzaine de minutes de marche. Nous avons encore été médusés pendant de longues minutes par les joueurs de foot, d’autres jeunes tout aussi talentueux. Une mosaïque au profit du plaisir. Le foot était clairement leur religion. 

Ni les bombes, ni l’amour, en fait, rien n’y peut. Cette envie de tout détruire est humaine. Les cycles se succèdent depuis des millénaires. Est-ce normal qu’un parfait idiot se retrouve candidat à la présidence américaine, acclamé par des millions d’invertébrés qui désirent eux aussi tout casser? Probablement. Le temps nous amènera inlassablement à la fin de ce cycle, qui semble s’amorcer. J’espère de tout coeur me tromper, mais j’ai comme une impression, une forte impression, qu’après ce cycle, dans une décennie ou deux ou trois, ma génération et la «Y» et celle de mon fils auront finalement connu la guerre ou son équivalent. Et là, les ténors d’aujourd’hui, désormais exposés à la vie, fermeront enfin leur grande gueule, convaincus qu’ils ne savaient rien. 

En revenant à notre quartier général, à une heure de Nice, nous nous sommes baignés dans l’immense piscine désertée du complexe rococo où était situé notre petit appartement. Je vous jure que si jamais tout s’écroule, c’est au souvenir de ses yeux rieurs, à ce moment précis, dans lequel je voudrai sombrer pour le reste de ma vie.

Mathieu

mardi 31 mai 2016

Un m(art)di avec Jean-Pierre Larocque

Chez Camden, l’art occupe une place prédominante. Comme nous l’avons mentionné à plusieurs reprises, ici, , ou encore juste ici, Camden s’inspire de l’énergie de plusieurs artistes, acteurs sur différentes scènes : musique, peinture, art de rue, photographie, et bien d’autres. Il y a quelques jours, un nouvel artiste est venu se joindre à Amy Winehouse, Jean-Michel Basquiat, Kurt Kobain, Riopelle et les autres… Il s’agit de Jean-Pierre Larocque.




Jean-Pierre Larocque
Peintre et sculpteur québécois, Jean-Pierre Larocque est né à Montréal en 1953. Au cours des années 1970, il a suivi une formation en dessin et en gravure à l’UQÀM. Il a également passé quelque temps à l’Université Concordia, pour se consacrer à la céramique avant de se rendre à New York, à l’Université Alfred, où il a obtenu sa maîtrise. Ouvert sur le monde, Jean-Pierre Larocque a vécu aux États-Unis durant plus de 10 ans et a voyagé de nombreuses fois en Europe et en Asie. En 2006, il a inauguré le nouveau Gardiner Museum of Ceramics de Toronto avec son exposition Trapping Shadows. Aujourd’hui, Jean-Pierre Larocque vit et travaille à Montréal.



L’œuvre
Après de longues minutes de bataille serrée lors d’un encan, Camden repart avec cette toile sans titre, créée en 1996. Cette oeuvre originale de 31 x 44 pouces, réalisée à partir de gouaches noire, grise et blanche, ainsi que de pastels secs et de crayon, est un autoportrait de l’artiste, un peu à la manière de Diego Vélasquez dans son tableau Les Ménines. Ici, Jean-Pierre Larocque y joue le double rôle de directeur de cirque et de dompteur, capable de diriger un tigre à sauter au travers d’un cerceau.


Ce nouveau tableau a trouvé sa place sur les murs des bureaux ouverts de l’agence, près de la salle de création. En quelque sorte, cette oeuvre rejoint l’essence et l’énergie de Camden. Elle représente un véritable concentré d’idées, en noir et blanc, qui laisse place à l’imagination et à l’interprétation. En vivant avec elle au quotidien, notre façon de la percevoir évoluera. Nous sommes fiers et heureux de compter cette oeuvre parmi notre collection.


Qui sera le prochain artiste à nous rejoindre? On se donne rendez-vous dans quelques semaines!


Alena

vendredi 27 mai 2016

Mes maux de mots

Les mots. Ils font partie de mon quotidien, mais aussi du vôtre. D’une manière ou d’une autre, les mots touchent tous les humains de notre planète. Qu’ils soient légers ou lourds, longs ou courts, aimés ou détestés : ils font partie intégrante de la nature humaine. Ils ont droit, eux aussi, à un billet de blogue.

Chaque jour, je reçois par courriel un mot du dictionnaire français. C’est un peu comme un cadeau. Il y a quelques semaines, nous avons passé, avec mes amis rédacteurs (presque aussi malades que moi – salut, les potes !), toute une soirée à essayer d’utiliser l’adjectif « homérique », qui avait été déposé quelques heures plus tôt dans ma boite courriel. Il nous a accompagnés une bonne partie de la soirée, le considérant comme un camarade que l’on pouvait aider dans sa quête de succès. C’est fabuleux, tout ce qu’on peut faire avec un mot.
Au risque de passer pour une folle à lier, oui, j’aime les mots. Je les aime d’amour. Pas tous, bien entendu. Certains manquent d’élégance ou semblent broyer du noir sans raison. Ceux-là, j’évite de les côtoyer. Si j’avais le pouvoir de les changer, de leur donner la vénusté qu’ils méritent, je le ferais.
Quelques exemples : glaire, croûte, purulent, broc, coercitif, excrément… Bref, c’est assez.
Contrairement à ces derniers, d’autres mots embellissent tout ce qu’ils touchent. Certains atteignent même le Graal de pouvoir rendre beau un mot disgracieux. Ceux-là sont des durs à cuire.


Exemple concret :
-       Beau mot : Aquarelle  
-       Mot disgracieux : Grotesque
Aquarelle grotesque. Bravo « Aquarelle », tu es sûrement la Miss Univers des mots.
Parfois utiles, parfois inutiles; peu importe les opportunités qui se présenteront à eux, les mots sont faits pour être partagés. Alors, voici une brève liste de mots inusités, que je trouve intéressants :
  • Entéléchie (n. f.) : Chez Aristote, terme réalisé par l'acte, qui ne renferme plus aucun devenir. Chez Leibniz, entité qui jouit de toute la perfection dont elle est capable de par sa nature.
  • Gnomique (adj.) : Qui exprime des vérités morales sous forme de proverbes ou de maximes. Se dit d'une forme verbale (temps, mode) servant à marquer un fait général d'expérience. (Le présent peut avoir une valeur gnomique : La Terre tourne autour du Soleil.)
  • Implexe (adj.) : Se dit d'un ouvrage littéraire à l'intrigue très compliquée.
  • Inique (ajd.) : Qui manque à l'équité, qui est contraire à la justice.
  • Sérendipité (n. f.) : Capacité, art de faire une découverte, scientifique notamment, par hasard ; la découverte ainsi faite.
  • Zététique (n. f.) : Méthode philosophique qui consiste à rechercher la solution d'un problème en le supposant résolu et en remontant de cette solution jusqu'aux termes initiaux en vérifiant le bien-fondé de chaque étape.


Pour finir, je vous présente ma meilleure amie des mots. La combinaison parfaite de deux mots de la langue française. L’union la plus cute; la plus agréable à écrire, à lire, à dire et à attendre : biscuit tendre. Biscuit tendre. Biscuit tendre.


Alena
Source des définitions : www.larousse.fr

mardi 24 mai 2016

Le conquérant



La conquête de la passion sur l’indifférence. De l’intelligence sur l’indigence. De la beauté sur l’horreur. De l’authenticité montréalaise sur la frivolité cannoise. Il était là, devant une foule immunisée à la réelle sensibilité, à rendre hommage à Jean-Luc Lagarde, puis au grand costumier François Barbeau, dans une ambiance teintée d’indifférence. Il a finalement cité Anatole France. Ses émotions semblaient, telles de puissantes éruptions volcaniques, projeter au loin dans la salle une quête rendue réalité. Mais la foule demeurait centrée sur ses robes et costards trop chers, peinant à applaudir. Il fallait un gagnant plus vieux. Un film plus retenu. Il fallait revenir à la raison. Le fallait-il?


En regardant sa longue entrevue sur le plateau exceptionnellement cannois de l’émission On n’est pas couché, donnée une journée plus tôt, j’ai vu un homme maniéré au possible. Troublé. Angoissé. Dont la privation évidente de sommeil tronquait sa perception de la réalité. Il souriait, mais sa douleur d’avoir été liquéfié la veille par les critiques américaines rendait ses interventions moins éloquentes qu’à l’habitude. Il faut savoir ce que c’est que de se faire annuler à la dernière minute une succession d’entrevues avec les médias de l’Oncle Sam, qui avaient décrété à l’unisson que son nouvel opus était littéralement une merde à éviter. Il était atteint, blessé, mais il reviendrait.


Alors quand il a fait ce discours de victoire vibrant, j’ai lu de nombreux commentaires. Qu’il était triste, car il n’avait pas gagné la Palme. Qu’il n’était qu’un petit prétentieux subventionné. J’ai lu des tonnes de choses : plusieurs dithyrambiques, mais trop, toujours trop de jalousie, de rancoeur, de méchanceté. Dans une société fragmentée sur l’axe identitaire, divisée sur sa définition du progrès, salie par la dichotomie entre sa métropole et ses régions, nous avions devant nous, à des milliers de kilomètres, au centre de la Planète cinéma, l’un des nôtres qui conquérait. Il gagnait là où jamais nous n’avions gagné auparavant. Et en peuple adolescent que nous sommes, plusieurs le rabrouaient. Xavier Dolan incarnait à ce moment précis ce que nous sommes incapables de faire collectivement : gagner. J’espère qu’un jour il ne sera plus seul.

Mathieu

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