lundi 24 janvier 2011

La part d’ombre



En publicité, les personnes les plus brillantes que je connaisse en création s’en tiennent souvent à un grand principe : interpeler les aspirations, les rêves. Or, la quête existentielle de chaque individu est différente. Certains vivent heureux en réalisant de petits rêves quotidiens, tandis que d’autres restent malheureux en s’approchant infiniment près de leur grande aspiration, la frôlant presque, sans ne jamais pourtant l’atteindre. De concilier chez des auditoires assez vastes des visions parfois excessivement divergentes relève de la prouesse «sociologique». Pour ce faire, il faut simplifier, remonter le courant jusqu’à sa source, comprendre ce qu’on pourrait appeler les «métadéclencheurs». C’est ce qu’on retrouve dans les grandes tragédies grecques, tout comme, par exemple, dans Le Lac des cygnes transposé magnifiquement par Darren Aronofsky dans le film Black Swan. Dans ce dernier film, c’est la dualité, cette part d’ombre présente dans chacun de nous qui est traitée. Or, cette dualité représenterait un merveilleux outil de création publicitaire pour une marque dont le produit ou le service offrirait comme bénéfice ultime la liberté d’être réellement soi-même.

Si nous désirons véritablement communier avec le consommateur et bâtir un lien puissant de confiance qui mènera à la fidélité et à la propagation virale de la marque par le bouche à oreille, il est évident que le point de départ est de bien comprendre où notre marque s’insère dans la vie de nos prospects et clients. Où elle s’insère et avec quoi elle doit rimer. Une marque qui me donnerait d’une manière ou d’une autre la liberté d’être celui qui mijote secrètement en moi, avec tout ce que ça implique, se donnerait beaucoup de chances de me convertir, bien au-delà des discours creux favorisés en cette ère de rectitude politique lassante. Comprendre et parler à la part d’ombre de nos cibles, là repose un potentiel trop souvent inexploré en création publicitaire.

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