dimanche 2 juin 2013

Mon néant


Je me suis récemment retrouvé dans une petite période de turbulence, là où tout est remis en question. Cet état, qui s'apparente à une chute libre et où l'on ne contrôle plus grand chose, apporte son lot d'émotions. Pour quelqu'un qui aime contrôler sa vie, cette sensation de chute libre est d'autant plus pénible car elle touche des zones très intimes de la personnalité, des zones d'ombre dépassant de loin l'anecdote du quotidien. L'ombre, heureusement, a rapidement refait place à la lumière, à quelques nuances près. Ce sont ces nuances qui font toute la différence.

Être créatif, en publicité ou ailleurs, c'est avant toute chose ressentir un besoin intense de s'exprimer pour témoigner d'une vision du monde singulière. Je l'ai souvent mentionné, FacteurPub, bien plus qu'un outil qui dévoile des analyses et différents aspects du branding et de la pub, représente pour moi un exutoire important, ma griffe en quelque sorte. Cet exutoire doit néanmoins demeurer pertinent.

Ces derniers temps, j'ai senti que je me répétais. Plus de 340 billets plus tard, il n'est plus aussi facile d'apporter un regard neuf sur certaines notions. Les sujets chauds en publicité sont abordés simultanément par des centaines de blogueurs, voire des milliers de microblogueurs, ce qui a pour effet de créer une redondance infinie, que mon meilleur ami a très justement nommée la «chambre des échos». Ma décision est simple, je ne veux pas y contribuer. Vous méritez mieux.

La pression de se faire une opinion est forte et pave la voie à des débordements et à des erreurs de jugement dont je suis témoin à tous les jours. Ce qui nécessiterait une analyse et une réflexion plus profonde que la compulsion de l'instant, devient en un éclair un sujet obsolète pour certains segments avides. Ces derniers temps, j'ai vu un exercice publicitaire local qui relevait du plagiat infâme être porté aux nues. J'ai aussi constaté les valeurs et la nature véritable de mon milieu, polarisé comme pas un et en pâmoison malsaine devant certains individus et organisations. Tout ça me désole un peu, non pas par rapport à moi, car à 42 ans, j'ai perdu mes illusions et je crois savoir de manière assez lucide qui je suis et ce à quoi j'aspire vraiment; mais bien par rapport à ce que j'aimerais que nous soyons collectivement au Québec et dans mon milieu: des gens plus éclairés, des individus qui fouillent et qui s'affrontent sainement à coups d'arguments fondés, des antidotes à la superficialité et au cynisme occidental, des arpenteurs de tous les possibles, des réalisateurs de rêves.  

Je vais donc tempérer FacteurPub pour l'été et ne publier que sporadiquement des coups de coeur et quelques réflexions, pour revenir avec une formule renouvelée en septembre. Renouvelée comme ma réalité le sera, car ce qui s'annonce à mon agence me stimule comme jamais. J'aborde la seconde partie de ma vie professionnelle avec des fourmis dans les jambes. Je vous apprécie au plus haut point. Partager mon parcours avec vous sera un privilège.

P.-S. : Twitter demeurera entre temps le moyen le plus sûr de me suivre. Vous pouvez m'y retrouver ici.

Amicalement et sincèrement, 

Mathieu

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