lundi 1 mars 2010

Des conneries XXL sur XM (ou devons-nous annoncer à la radio-poubelle?)

Je suis allé seul à Saguenay vendredi dernier. Aller-retour pour l'anniversaire de mon père. J'ai décidé de louer une voiture pour éviter de priver ma douce de notre véhicule, car chez nous, un véhicule c'est assez. Presque 9 heures de route, c'est long longtemps, alors j'ai décidé de zapper compulsivement à partir du volant de ma trépidante Huyndai Sonata toute neuve sur les postes de la radio satellite XM, à la conquête de la toune géniale. Tout au long de mon périple, je me suis surpris à écouter du bluegrass, du disco, la BBC, un poste assez intéressant de musique acoustique (Coffee House), des chansons des années 60, Elvis et...RadioPirate, le poste du célèbre grabataire du verbe qu'est Jeff Fillion (pour paraphraser Foglia qui s'en prenait à l'époque aux commentateurs de TQS).

Je n'avais jamais vraiment pris le temps d'écouter cet homme viril, à part à une ou deux reprises quelques minutes. Alors, j'ai sans aucune préméditation décidé de lui donner une vraie chance, une heure au total, parce que je voulais être certain de ne pas parler à travers mon chapeau quand je m'obstine avec certains de mes amis de Québec. Tous les fans de Jeff diront que je le prends hors-contexte et qu'il est vraiment très très intelligent le reste du temps, que j'ai écouté le mauvais segment. Je leur répondrai à l'avance que même la pire des crapules ne sévit pas 24/7...

Pour vous mettre dans le contexte, il y a un gars très très sûr de lui dont l'univers ne comprend visiblement pas la notion de doute. Ce «smatte» est entouré au micro de quelques faire-valoir, en fait plus des groupies un peu trop fiers d'être là (ils sont trahis par leurs rires nerveux). Et bon, le «smatte» toujours très sûr de lui affirme un tas de vérités évidentes pour lui et ses joyeux naufragés idéologiques, en sacrant comme si on était au Peel pub après 2 ou 3 pichets de bière un jeudi soir de février 1992. Ils critiquent tout et rien, surtout l'actualité (cette fois-ci le patinage artistique, les Olympiques et l'éducation publique). La prémisse de départ? Simple : chacun pour soi, nous autres on est des gars «qui pissent deboute», le plus fort mérite le respect (le plus fort étant les «States» et l'anglais devant lesquels nous devrions avoir cédé à l'assimilation), tout ce qui est français (la langue ou la culture) ou artistique ou intellectuel ou de gauche ou nationaliste ou montréalais ou féminin, c'est «tapette». La cible ? Des «angry white males» pas assez formés pour déceler la démagogie et en manque d'affirmation de leur virilité. L'axe de communication? «Nous autres on dit les vraies affaires, on incarne le gros bon sens qui échappe à nos politiciens». La stratégie de communication? Persuader en gommant assez les sujets pour que leurs auditeurs n'y voient que du feu. Car soyons clairs, Fillion et ses acolytes ne sont pas très très fûtés, ni cultivés. Ne leur parlez pas de Stanley Pollock ou de Misteur Valaire, ils sont plus des pitbulls dans le registre Bryan Adams ou Scorpions circa 1991 (Wind of change). Implicitement homophobes aussi. Une partie du problème réside d'ailleurs dans le mot «implicite» car il semble s'être assagi un peu le Jeff, mais pas tant que ça. Enfin, mes commentaires ne s'appliquent qu'à l'émission de Jeff Fillion et je ne voudrais pas généraliser. Il y a sûrement des gens plus sensés qui travaillent là, mais la vraie vedette c'est Fillion. Celui qui génère les résultats c'est lui. Désolant plus que révoltant car sa portée est minime sur la fréquence satellite.

Et les annonceurs dans tout ça? J'ai entendu quelques messages enregistrés maison par les génies de la bombe qui animent. Une promo d'ameublement Tanguay et quelques publicités normales d'annonceurs locaux. Rien de bien excitant côté créativité. En fait, la question que je me pose est la suivante : comment une marque peut-elle se dénigrer au point de s'associer à ce champ de valeurs ? Je sais bien qu'on peut s'adresser à cette niche en silo sans trop affecter la perception de la marque par le reste du grand public, mais bon, être transparent et honnête, n'est-ce pas faire des choix éthiques comme annonceur en choisissant des environnements médias décents ? Sommes-nous des mercenaires qui n'ont de soucis que l'atteinte des résultats? Et vous, annonceriez-vous à l'émission de Jeff Fillion sur RadioPirate ou à toute autre radio-poubelle?

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