mardi 15 février 2011

La fin, puis le commencement

Aujourd'hui, je vous écris en ami, donc pas de publicité, pas d'analyse, un peu de moi, comme je le fais parfois, pas trop souvent.


C'était en novembre 2004. Ma trentaine était mal entamée. Les contrats de mon entreprise d'alors ne se matérialisaient pas. Ma vie personnelle était dans un cul de sac. J'avais atteint le fond du baril. La lumière au bout du tunnel était celle d'un train en sens inverse m'arrivant en plein visage. Même la SAQ était en grève générale. Bref, ça n'allait pas du tout. Il y a de ces moments dans la vie où peu importe ce que l'on tente, rien ne fonctionne. Notre énergie n'est pas la bonne. La voie empruntée n'est pas la bonne. Et dans ces périodes, le réflexe de base réside dans la résilience, or, la seule solution qui tienne quand rien ne va, c'est plutôt de faire table rase et de passer à un autre appel. Pas facile. Un peu comme tomber dans le vide. C'est là qu'arriva dans ma vie le magnifique Funeral. Un album au titre révélateur qui a représenté pour moi la première étape d'un deuil important dans ma vie, celui de tout un bagage qui ne me servait plus, mais mieux encore, Funeral a accompagné ma renaissance. Un album phare d'un groupe phare.


La suite est une histoire qui se perpétue encore aujourd'hui: rencontre de ma Douce, intégration à l'équipe de Défi et concentration professionnelle dans un registre qui me sert aujourd'hui très bien, puis naissance de mon Tout-petit, bref, une histoire à des lustres de mon parcours initial qui me menait tous azimuts, c'est-à-dire partout et nulle part.


Et là, le 13 février 2011, le groupe récolte, au grand étonnement de certains, pour son lumineux The Suburbs, le prix Grammy de l'album de l'année. Puis viennent deux autres prix majeurs aux Brit Awards le surlendemain. Une consécration mondiale. Une reconnaissance inespérée pour un groupe qui a presque toujours fait à sa tête et qui se veut une ode à la liberté. Celle de créer, de fusionner, de changer d'idée, de mourir et de tout recommencer. Je vivais à Outremont à quelques rues de leur Mile-End initial en 2005. Je crois les avoir entendus pratiquer dans un local sur l'avenue du Parc à cette époque. Le parcours de ma deuxième vie a donc été parsemé de cette musique, vibrante, puissante, maladroitement symphonique par moment, un peu à la manière d'un chaos organisé, comme la vie, celle de gens qui aiment et qui s'aiment. Une mosaïque improbable qui a foisonné à Montréal et pour qui Montréal représente un ferment créatif unique. Leur victoire, c'est un peu la mienne.


Peu importe la suite de l'histoire, rien ne sera plus jamais pareil. Il y aura toujours pour moi l'avant et l'après de cette émergence d'un «band» de troubadours rencontrés à l'Université McGill au début des années 2000. L'après l'emportant toujours sur l'avant, car au-delà de la peur de refaire sa vie, il y a réellement le bonheur. Merci Arcade Fire.



Photo: Reuter

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