vendredi 2 avril 2010

L'improbable résurrection de Laura



Le Québec a beaucoup évolué côté bouffe depuis 30 ans. On s'est mis à manger chez Lien et à apprécier l'expérience vietnamienne. Je me souviens aussi de Chao Phraya sur Laurier à Montréal qui a contribué à l'émergence du fameux poulet aux arachides et épinards croustillants au début des années 90. Pendant ce temps, Mikado nous introduisait aux sushis et pavait la voie aux Maïko et Kaizen de ce monde. Aujourd'hui, on mange pratiquement de tout, du shawarma au cari de vindaloo, à l'image du multiculturalisme dans lequel nous baignons. Et c'est parfait ainsi.


Côté chocolat, car c'est la fin de semaine de Pâques, on est passé de produits génériques au chocolat belge pour ensuite en arriver aux chocolateries artisanales d'aujourd'hui qui redéfinissent le domaine. Je pense particulièrement à Geneviève Grandbois qui développe une marque vraiment très intéressante. Mais en ce Vendredi saint, j'aimerais vous parler d'une autre fille: Laura Secord.


La belle Laura était LA référence en chocolat dans les années 70 et 80. Elle vendait même des yogourts, des puddings et de la confiserie. Les petits Simard chantaient ses louanges à la télé, bref, l'affaire était ketchup! Le piège, quand ça va trop bien, est de s'asseoir sur sa réputation, sur sa notoriété et de prendre ses clients pour acquis. C'est ce qu'a fait Laura Secord selon moi. Pour commencer, la marque est complètement disparue des radars publicitaires. Ensuite, elle a négligé de me dire en quoi elle se distinguait de la concurrence (gros problème de positionnement). Elle a aussi arrêté de me faire ressentir une émotion ou de me faire vivre une expérience de marque. Mais la pire erreur, selon moi, a été de tourner le dos au principe d'innovation et de me donner l'impression qu'elle arborait le même brushing depuis 1987. Elle est disparue de l'esprit du consommateur que je devenu aujourd'hui, celui qui recherche de la qualité et qui est prêt à payer pour. La localisation de ses magasins dans les centres commerciaux l'a aussi limitée à son statut de «petite pause crème glacée de magasinage» pendant que la majorité de la superficie de ses succursales demeurait inutilisée. Elle demeure là, défraîchie, et je le ne vois plus. Je préfère désormais le chocolat au gingembre de la belle Geneviève. D'une tristesse sans nom.


Laura Secord aura probablement été ma première blonde, mais elle est malheureusement devenue trop matante pour que je puisse envisager reprendre avec elle. Quand j'ai «cassé», c'était pour de bon. Et si elle voulait me reconquérir, elle aurait besoin de plus qu'une chirurgie plastique ou d'une paire de Manolo Blahnik: elle aurait besoin d'un miracle, d'une résurrection, le temps d'un Vendredi saint...

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