mardi 9 avril 2013

Le baiser



Un premier baiser pour l'éternité. Le temps qui se contracte. La mémoire sensorielle qui s'active. Hier nous étions enfants, demain nous mourrons. La magie du baiser, c'est l'osmose, le coeur qui débat, l'excitation, les attentes, les espoirs… Certains premiers baisers éteignent les braises, certains autres ouvrent des univers. Le baiser est un passage vers ailleurs. C'est une étape qui détermine le cours des choses. Un jalon incontournable. Qui n'a jamais ressenti l'expérience d'un vrai baiser n'a jamais réellement vécu.

Dans cette publicité tout simplement magnifique de l'agence Grey London pour la marque de télécom britannique Vodafone, qui reprend en mode inversé l'essence d'un concept véhiculé par PFK et disséqué ici il y a deux ans, on ressent la peur initiale du rejet et la tension du premier baiser, pour ensuite, par des plans rapprochés, progresser au coeur d'un couple dont la passion transcende le temps, ce temps qui se perd dans leurs nombreux regards, mais qui représente tout autant la nature du bénéfice de Vodafone Red: un service qui ne balise aucunement le temps ni le nombre de textos. 

À exactement 1:05, nous sommes témoins d'un moment réellement saisissant et en rupture avec ce que les marques osent montrer normalement: la passion et l'abandon de soi par des personnes âgées. C'est d'une beauté authentique, bouleversante, le plan subséquent montrant les bras et induisant la vulnérabilité tout comme la force de la passion chez la femme. La lumière est aussi naturelle, tamisée que superbe. Elle amplifie l'intimité, de concert avec la musique du compositeur Ludovico Einaudi, vibrante de mélancolie. 

Pas besoin d'animaux «cutes» comme accessoires, pas besoin d'une petite blague de geek ou d'un concept humoristique raté de quiz superficiel qui méprise les prospects, pas besoin de voir les mêmes ados jouer les crétins débiles comme on les voit depuis 15 ans, pas besoin d'usurper un film comme La Guerre des tuques: il suffit d'être vrai et en accord avec le bénéfice principal. Vodafone m'a ému et m'a donné le goût de propager sa marque, ce qu'aucun joueur québécois de ce secteur n'a jamais réussi, trop pris à se regarder dans le miroir au lieu de connecter avec leurs auditoires, trop englués dans des plateformes de marque rigides et stériles. Un baiser. Le temps qui passe. L'envie de demeurer éternel, les yeux fermés et les lèvres appuyées sur celle de son amour. Voilà ce qu'il fallait pour gagner mon coeur de consommateur. Dommage que je ne sois pas britannique. 

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