dimanche 19 septembre 2010

Un soixante-neuf qui laisse un goût amer

Voici une suite non préméditée à mon dernier billet qui portait sur un numéro de téléphone suspect, le 666-6666. Nous demeurerons donc dans la numérologie avec cette fascinante et non moins pathétique publicité, affichée à deux pas de chez moi dans un abribus: celle de sixty nine jeans. Sur son site Internet, le propriétaire, un certain David, nous dit que «l'inspiration de sixty nine jeans est d'offrir un produit en vogue de haute qualité tout en étant accessible... La solution idéale pour la jeune femme à la mode et sexy qui ne veut se vider les poches». Et là, je vous épargne les accents absents et une faute d'orthographe évidente. Cette entreprise déborde visiblement d'ambition, mais pour la rigueur on repassera. Et si j'étais eux, j'hésiterais à utiliser le mot «poche».


Mais ce qui me pousse à vous parler de cette marque, ce n'est pas son manque de rigueur en ce qui a trait aux détails de la langue, mais bien son inconscience en matière de publicité et d'identité. Dans le contexte d'hypersexualisation des adolescentes, sujet hautement médiatisé et ayant fait l'objet de recherches, il est aujourd'hui inévitable et impératif qu'un annonceur honnête apporte une attention particulière à l'image d'elles-mêmes qu'il proposera aux jeunes filles. À cet égard, sixty nine jeans ne semble pas trop s'en faire: son nom évoque un acte sexuel, rien de moins! Et si elle en restait là, peut-être pourrait-elle limiter les dégâts, mais non, elle en rajoute avec une publicité diffusée en affichage et reprise sur son site Internet, laquelle montre une femme vraisemblablement mineure et totalement dénudée du haut du corps. Son air lascif, la pose, le regard, tout transpire la séduction sexuelle.Tout ça pour séduire le hommes? Non! Plutôt pour proposer une image au jeunes filles, une image qui pourrait certes plaire à certains souteneurs misant sur des filles mineures, mais qui a pour objectif unique de vendre une marque aux adolescentes en leur montrant ce qu'elles doivent évoquer, selon cette marque, le sexe. Manipulatrice, insouciante, aussi subtile qu'un 2'' X 4'', cette marque devrait selon moi se voir refuser le droit de diffuser sa publicité, notamment sur le réseau de CBS Affichage, mais bon, ce dernier ne semble pas trop se soucier de l'éthique de ses annonceurs. Pour encaisser les dollars, par contre, pas de problème.


Ceux qui me lisent régulièrement savent à quel point je suis contre la censure. Je crois fermement qu'il ne faille pas contrôler la publicité au point de castrer les créatifs, mais je parle toujours de publicité visant les adultes. Quand la cible se situe visiblement sous l'âge de la majorité légale, quand cette cible est la fille d'une amie, ou encore ma nièce, ou la vôtre, là je m'inscris en faux. Je vous invite donc à dénoncer cette campagne et à demander à CBS Affichage de retirer la publicité en question en lui écrivant sur son site. Mais surtout, je vous demande de boycotter sixty nine jeans, cette entreprise montréalaise qui nous fait honte à tous. Un cas flagrant de délinquance éthique made in Montreal. Dov Charney n'est donc plus seul.


AJOUT IMPORTANT: toutes mes excuses à MetroMedia Plus que j'avais identifié initialement comme le réseau diffuseur, erreur du «pitcheur» relevée par le très vaillant Normand Boulanger quelques minutes après le diffusion du billet. De plus, l'annonceur dit sur son site web vouloir recruter des mannequins majeures, eux seuls connaissent l'âge véritable de la mannequin en question sur la publicité...

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