lundi 30 janvier 2012

Le morceau de viande


La stratégie de création publicitaire qui repose sur l'utilisation du sexe, ou pour être plus précis, sur la pulsion inconsciente de reproduction, la pulsion de vie, me semble tout aussi pertinente et efficace que toute autre stratégie. On peut y arriver en misant sur l'intelligence, par de la symbolique subtile ou encore par l'humour. Quand on mise sur l'humour, faut réellement faire attention. Car le sens de l'humour varie d'un individu à l'autre et que la fine ligne qui nous fait passer du côté du sexisme primaire est parfois plus proche qu'on ne le croirait. 

Quand on associe, ne serait-ce que subtilement, la femme à un morceau de viande, on se tire tout simplement un coup de calibre 12 dans le front. C'est ce que j'appelle une faute triple: une faute de goût, une faute éthique et une faute marketing. Car voyez-vous, les quelques zoufs qui adhéreront à votre message ne vaudront jamais le tort que vous causeront des clients sérieux et assidus. Et c'est sans compter sur une réalité inaliénable: la majorité des décisions de consommation sont initiées par des femmes. Respectez les femmes parce que c'est dans vos valeurs, respectez-les par intérêt, mais respectez-les, vous n'avez pas le choix.

Le restaurant Newtown est donc tombé dans le panneau de la facilité et du sensationnalisme en exploitant un concept stupide pour mousser les réservations de ses clients et prospects sur le web en vue de la soirée de la Saint-Valentin. Et là, qu'on ne me taxe pas de puritanisme. J'aime qu'on utilise le sexe en publicité, mais il y a tant d'avenues inexplorées que je ne peux réellement croire qu'on emprunte encore une voie si vulgaire, intellectuellement parlant.

Choisir son restaurant, choisir sa viande, choisir la personne qui nous accompagnera pour cette soirée organisée par Cupidon, montrer un gros steak saignant, une fille qui se dénude, tenter de se donner de la classe avec une texture et un exercice typographique aussi illisible que bâclé, bref, se la jouer comme Newtown se la joue, c'est mépriser autant  l'intelligence des hommes que des femmes, car un homme, un vrai, en 2012, sait très bien exprimer sa virilité sans diminuer les femmes. Seuls les couillons, et j'espère que les gens du Newtown n'en sont pas (l'erreur est humaine), croient encore, au fond, contre vents et marées, que le sexisme est payant. Et vous savez quoi? Ils passent leur Saint-Valentin dans un club d'effeuilleuses avant de s'endormir seuls et sans-le-sou. C'est qui le morceau de viande en fin de compte?

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