vendredi 13 mai 2011

Je débarque









Aujourd'hui, j'annonce mes couleurs dès le départ: je déteste toutes ces publicités insignifiantes de bière. De un, la bière ne fait pas apparaître des filles sexy sur mon divan. De deux, de croire que ce genre de fille me plaît est totalement présomptueux de la part de la marque. De trois, en marketing, on doit tout d'abord avoir un bon produit et bâtir le reste là-dessus. Or, la Bud Light était, est et demeurera selon moi une bière médiocre, à l'image des bières de sa catégorie.


Je comprends bien l'impératif de transposer un produit poche en un mode de vie ludique, mais pourquoi s'acharner à montrer des gars en manque de sexe quand, dans la réalité, les situations sont réellement partagées entre hommes et femmes. En bref, de relier en bout de ligne le plaisir sexuel éventuel découlant (c'est le cas de le dire) de l'utilisation d'une Bud Light, qu'elle soit aromatisée à la lime ou pas, relève de la très haute voltige. Rares sont les hommes, en 2011, qui croient réellement que la bière qu'ils boivent est l'extension de leur virilité, que ce soit au premier ou au second degré. On boit de la bière légère pour être désaltéré, pour moins ressentir les effets de l'alcool (mais on en boit plus, ce qui est stupide), parce qu'on vient de travailler sur le terrain, bref, boire une bière légère dans un bar est tout sauf sexy pour un homme. C'est même le contraire. Ça dénote une ambivalence, un frein, une peur inconsciente. Alors lâchez-moi avec Monsieur J'embarque!


Pour finir, faudrait peut-être que les concepteurs de publicités de bière se mettent parfois le nez sur le terrain. L'homme de 2011 n'a pas besoin de se la jouer «vedette-rock-qui-trashe-une-chambre-d'hôtel» pour se sentir bien dans sa peau. Il n'a pas besoin de se taper 4 filles dans la même soirée (trois suffisent amplement). Le Monsieur J'embarque, en 2011, c'est l'ami crétin qui n'a pas décroché de ses années de Cégep. Il est minoritaire, il est considéré comme un attardé et ses amis l'endurent comme un mal nécessaire, par habitude. Monsieur J'embarque est un perdant. C'est le sans-génie qui se pavanait à 19 ans en Honda Civic modifiée, c'est la tête brûlée, les cheveux peroxydés, c'est le gars qui chope une gonorrhée, c'est le gars toujours trop bronzé. De croire, ne serait-ce qu'une seconde, que je puisse acheter de la bière qui m'associe à lui, c'est tout simplement une insulte à mon intelligence et à celle de la totalité des hommes qui m'entourent. Moi, je débarque.

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