mercredi 21 avril 2010

Hockey et société d'état: les lumières sont éteintes

La publicité est indissociable du média, ce billet porte donc sur la CBC et la SRC. Je croyais important de souligner le degré d'errance de notre société d'état dans le dossier du hockey, particulièrement la diffusion des matchs des Canadiens lors des présentes séries, même si ce sujet ne traite pas de publicité. Pour résumer, la CBC, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe Stanley, peut choisir en priorité sur TSN les deux séries qu'elle couvrira et qui impliqueront des équipes canadiennes: l'une dans l'Ouest du pays et une autre pour l'Est. Sachant que seulement 3 équipes canadiennes ont fait partie des séries, le choix pour l'Ouest était simple car une seule équipe en fait partie, soit les Canucks de Vancouver. Pour le choix de l'Est du pays, une sélection s'imposait entre les matchs de la série Ottawa-Pittsburgh et ceux de mes Glorieux contre les Capitals de Washington. Je tiens à préciser que la diffusion des matchs s'applique au pays en entier. Le choix de ces séries doit être établi en fonction du potentiel des cotes d'écoutes. Est-ce le cas réellement? Laissez-moi en douter.

La présence des Sénateurs d’Ottawa en séries n'excite personne ou presque à l'extérieur de la région de la capitale nationale. Cette équipe ne génère aucun buzz à travers le pays. Elle n'a jamais gagné la Coupe. Bref, je ne vois pas comment ce détachement de l'ensemble du pays pour l'équipe d'Ottawa pourrait être à ce point compensé par la présence des Penguins, champions 2007-2008 et de Sid The Kid, meilleur joueur au Canada, dans cette série. Il suffit d'avoir assisté à un match du Canadien dans l'Ouest du pays pour comprendre le décalage en terme de notoriété entre les Sénateurs et les Canadiens, ces derniers pouvant compter sur une forte base de fans partout au pays, à l'exception d'une partie de l'Ontario et de Toronto.. Le choix de diffuser les matchs des Sénateurs m'apparaît donc comme hautement discutable en termes de cotes d'écoutes, mais il y a plus. En prônant ce choix, la CBC prive depuis jeudi dernier, et ce pour la première fois de l'histoire, des milliers d'amateurs des Canadiens des matchs éliminatoires de leur équipe chouchou à la télé publique. Il faut donc être abonné au câble et à un forfait qui donne accès à RDS pour y accéder. Finalement, les Canadiens ne jouent pas contre une équipe de chaudrons : ils affrontent la meilleure équipe du circuit et probablement le meilleur joueur au monde en Alex Ovechkin... Croyez-vous réellement que la CBC aurait écarté les Maple Leafs de Toronto si cette minable équipe avait fait les séries?

Il faut savoir que la CBC est gérée à partir Toronto. Que Don Cherry est leur Jacques Demers. Que les Ontariens vouent un culte sans fin à Sidney Crosby. Vous pourrez tirer les conclusions que vous voulez, ça ne m'empêchera pas de croire que cette décision est mesquine, subjective et ne reflète tout simplement pas le réel potentiel national de cotes d'écoutes, pas plus que la représentativité du Québec et des provinces de l'Atlantique dans la fédération canadienne. Un autre exemple de mépris, mais qui affecte cette fois-ci les segments les moins fortunés de notre société pour qui le hockey représente souvent une rare dose de rêve et de fierté. Et là, je ne partirai pas en cabale contre la SRC, qui a lamentablement échoué à conserver les droits des matchs à la télé publique française et qui est la grande responsable de cette situation. Car peu importe ce qu'en pensent ses dénigreurs et ses veuves du samedi soir, le hockey fait réellement partie intégrante de notre identité culturelle. De représenter cette culture n'est-il pas la pierre angulaire de la mission de la SRC? De la bafouer à l'occasion au profit du divertissement en me présentant des versions doublées de Desperate Housewives ou de Lost est une chose que je veux bien accepter, mais d'errer sur le dossier du hockey, nous laissant vulnérables au «bon vouloir» de la CBC à Toronto, ça je ne le prends pas. Une simple question de principes.

Imaginez un petit instant le tsunami que provoqueraient les fans de l'Olympique de Marseille si la diffusion des matchs de leur équipe fétiche en Ligue des Champions dépendait de la bonne volonté de certains bonzes de Milan ou de Munich... Mais ne vous en faites pas, ici il n'arrivera rien, car nous sommes des moutons et nous payons, encore et encore, au plus grand plaisir de RDS et de la Cage aux Sports.

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