jeudi 8 juillet 2010

Prendre le temps

La publicité est à l’image de la société, elle évolue, elle se replie parfois, se cherche, se retrouve, reprend son rôle d’innovateur, mais de tous temps, et c’est toujours aussi vrai aujourd’hui, la publicité va vite. Et quand je dis vite, je parle du rythme qu’elle impose à ses stratèges et à ses créatifs. Ce rythme enlevant représente à la fois ma plus grande source de satisfaction et ma plus grande frustration. Les semaines qui se succèdent à un rythme fou, les mandats qui se bousculent et l’adrénaline qui coule à flot, particulièrement avant et pendant les présentations, c’est bien beau, mais il y a un lourd prix à payer. Les semaines qui se bousculent deviennent vite des années, nos enfants vieillissent trop vite, et le corps en prend souvent pour son coup. Sans compter une petite voix qui nous répète souvent, sans qu’on sache trop pourquoi, ou enfin sans qu’on veuille trop y réfléchir: «Tout ça pour ça? Pour de la publicité? Vraiment?».


Claude Cossette, l’un des plus grands publicitaires de l’histoire du Québec, a quitté la publicité en 1984, apparemment pas mal désabusé, et ses essais ultérieurs, dont «La publicité, déchet culturel», ont confirmé depuis sa grande préoccupation pour l’éthique et les effets collatéraux de la publicité sur la société. Et voilà que cette semaine, Alex Bogusky, associé fondateur de ce que nous pourrions appeler la meilleure agence du monde, Crispin Porter + Bogusky, créatif de la décennie selon Adweek, quitte le monde de la publicité pour mieux «sentir les fleurs». Il a 47 ans. Et son cas n’est selon moi pas aussi isolé qu’on le croit.


Ce billet n’a pas d’intention particulière, autre que celle de souligner, sans prétention, l’importance de prendre son temps, de ralentir le temps qui passe, pour le ramener à une dimension plus humaine. Que même si nous sommes parfois au cœur de notre parcours professionnel, toute cette pression et ce stress quotidien, qu’ils viennent des autres, des clients, du milieu, ou de soi-même, ne vaut pas qu’on oublie implicitement l’essence même de sa vie: prendre conscience de chaque inspiration, de chaque expiration, pour encore mieux voir en avant, tout en profitant au maximum de ce qui nous glisse lentement et inexorablement entre les doigts, notre existence et celle de ceux que nous aimons.


Je vous laisse sur un clip d'une chanson qui va intuitivement dans ce sens, de mon groupe fétiche, Radiohead: Everything in its right place.


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