lundi 21 février 2011

Les attardés

Facteur Pub vient tout juste de célébrer son premier anniversaire et arborera un nouveau visage sous peu. Je compte toutefois continuer de me donner à fond car la publicité et les stratégies de marque sont au centre de nos vies. Plus encore, parce que c’est ma passion. Merci à tous et toutes pour votre fidélité, c’est le meilleur encouragement à redoubler d’ardeur, jour après jour.


Je redémarre donc la deuxième année de ce blogue en traitant du sujet de la marque sous un angle plus «sociologique» que créatif. Nous le savons, plusieurs marques vieillissent mal. J’ai déjà parlé ici de Laura Secord, mais le principe s’applique à tous les secteurs d’activité. Lorsque la durée de vie d’un produit achève ou que la demande envers un service particulier fond comme neige au soleil, une question se pose : continuer et mourir ou évoluer et prospérer? C’est simple au fond, pour réussir, il faut être en symbiose avec le contexte social, en accord avec les grandes tendances, bref, être pertinent. Or, changer, évoluer, c’est se remettre en question sur nos fondements. Ce n’est pas facile. Ça veut souvent dire de faire une croix sur ce qui nous a mis au monde. Ça prend du courage.


Prenons le cas de notre très chère société d’état Hydro-Québec. Un succès retentissant qui a fait rejaillir des milliards en profits dans les coffres de gouvernements provinciaux souvent en perdition. Une société dont la nature même, l’hydroélectricité, représente en soi une vision de l’énergie propre. Or, ce qui était valable il y a trente ans ne l’est plus. Les grands projets de centrales hydroélectriques, aussi porteurs puissent-ils avoir été, ne représentent plus l’innovation en terme de développement durable en 2011, surtout pas quand le prix de revente de cette énergie est inférieur à son coût. J’aimerais croire que nous sommes plus évolués que ça. Selon moi, la nature même de la marque Hydro-Québec est surannée. La planète entière regarde les Chinois détruire leur territoire avec des projets de barrages mal conçus, l’occident s’ouvre à de nouvelles formes d’énergies, et nous, que faisons-nous? Nous démarrons des projets hydroélectriques dignes d’une autre époque et abandonnons à l’industrie privée le développement anarchique de projets énergétiques alternatifs (éolienne, gaz de schiste) à des endroits inappropriés, en brandissant le sempiternel épouvantail des centrales au charbon. Une absurdité complète. La marque Hydro-Québec devrait, c’est une évidence, valoriser l’exploitation judicieuse et stratégique de nos biens collectifs et cesser d’agir en autiste borné à l’hydroélectricité. Cette marque devrait se renommer Énergie-Québec. Elle devrait envisager, par exemple, le développement éolien en utilisant ses terrains et l’espace qu’occupe son réseau de distribution dans le Grand Nord, au-delà des zones touristiques. Elle devrait s’assurer que des maires véreux tout comme des industries gazières et pétrolières insouciantes ne s’en mettent plein les poches sur le dos des contribuables québécois en les volant en toute impunité. Elle devrait faire ce que son essence lui dicterait : développer l’énergie québécoise dans un cadre nationalisé, optimal, visionnaire et générateur de rendement.


La marque Hydro-Québec ne véhicule plus les bonnes valeurs ni la bonne vision stratégique. Mais pour renouveler cette marque phare du Québec moderne, il nous faudrait un gouvernement, un vrai, alors que nous sommes dirigés par un régime fantoche, par une succession d’ombres sans convictions. On part de loin. Sur ce, je vous laisse sur la bande annonce du film Chercher le courant, une note discordante dans la morosité ambiante, le signe que l’engagement citoyen existe encore, envers et contre tous.


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