mardi 13 septembre 2011

Compteurs en or, campagne de bouette



Dans une société qui semble exprimer de toutes les manières possibles son désenchantement vis-à-vis des syndicats, dans un contexte où le «réalisme» et la fameuse lucidité apparaissent comme les valeurs désirées par la population, si vous êtes un syndicat et que vous désirez passer un message, que devez-vous faire? Assez simple. De un, ne pas trop se croire et rester vrai. De deux, ne pas dramatiser et s'en tenir aux faits. De trois, favoriser un passage à l'action clair. En bref, éviter les discours larmoyants, surtout ne pas annoncer une catastrophe, mais plutôt favoriser les échanges, le dialogue, l'information. Faire le contraire vous attirera à coup sûr les foudres, ou pire encore, le mépris de ceux que vous voulez convaincre. Si vous êtes un syndicat de la fonction publique, c'est encore pire. Vous partez avec 2 prises et 3 quarts contre vous. Je ne suis pas d'accord avec cette réalité, mais c'est LA réalité. Votre marge de manoeuvre est infime. De faire une campagne publicitaire comporte probablement plus de risques que de possibilités de rendement.

Alors quand je constate le ton, le sarcasme mal dosé, la parodie boboche et le regard inquisiteur de la comédienne dans le message de la campagne «Compteurs en or d'Hydro-Québec», menée depuis quelques temps par le Syndicat des employés de techniques professionnelles et de bureau d'Hydro-Québec, je ne peux m'empêcher de croire que ces gens là vivent sur une autre planète, probablement dans un monde qui se croit beaucoup et qui a été figé en 1972. Cette campagne, qui sert au contraire les intérêt de l'employeur, n'a en fait réussi qu'une chose, à part irriter la population: elle a convaincu la majorité des gens que des employés prêts à investir autant dans une publicité poche pour sauver leurs jobs obsolètes, ne méritent pas mieux que de se réorienter. En fait, la position du syndicat est compréhensible, mais indéfendable du point de vue de l'évolution et de l'optimisation. Et là, ne vous méprenez pas sur mes intentions, je suis toujours le premier à défendre le rôle crucial et l'importance de la syndicalisation dans notre société. Je suis toujours celui qui fait remarquer aux démagogues campés à droite que la crise économique récente a été provoquée par des employeurs avides et par des spéculateurs irresponsables, laissés à eux-mêmes par des organismes de régulation déficients. Et je suis tout sauf un fan du type de gestion prôné par Hydro-Québec. Mais une chose est sûre, le progrès c'est le progrès. Et accéder au statut de société du savoir, ça veut aussi dire d'abandonner à des pays moins avancés des emplois dans certains secteurs, et de favoriser l'automatisation. C'est plate mais c'est la vie.

Alors si vous désirez sauver vos emplois, la meilleure option serait d'arrêter de se mettre la tête dans le sable et d'investir dans votre formation, au lieu de dilapider vos fonds syndicaux dans une campagne média aussi inutile que coûteuse. Et surtout, si vous voulez gagner du temps, changez de ton. Respecter l'intelligence de la population et cessez de vous victimiser. Les Québécois aiment des gens fiers, honnêtes, droits et transparents. La morale à cinq sous, non merci.

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