dimanche 3 juillet 2011

L'intolérance



L'animal que nous sommes tous se définit trop souvent, malheureusement, par sa conformité à sa propre tribu, donc en recevant des autres une image similaire à la sienne. C'est comme ça. Nous avons tous le désir secret d'être différents, mais nous nous confortons à être exactement comme les autres. La différence provoque une peur et une angoisse qui portent la majorité d'entre nous à signifier son rejet, directement ou implicitement, pour se valider par le contraire. C'est d'une tristesse infinie, mais c'est ça être humain. On valorise collectivement le concept d'intelligence tout en ignorant trop souvent l'essentiel: la gestion des émotions et la canalisation de cette belle intelligence. On «construit» des petits génies, on leur fait apprendre 12 langues, un peu comme si l'on augmentait la puissance d'une voiture d'une centaine de chevaux-vapeur sans tenir compte de sa tenue de route. Nous sommes des cochons sur la glace, notre tenue de route émotionnelle collective est aussi nulle que celle d'une Mustang 1987. C'est pourquoi l'homophobie perdure. L'homophobie et toutes les formes de haines de la différence.

Tant que cette haine poussera des gens à l'autodestruction, voire au suicide, tant qu'elle existera, il faudra que l'on se mobilise pour faire prendre conscience aux «haters» que leurs comportements sont inacceptables et répréhensibles. Il faudra aussi continuer à aider, appuyer, écouter, bref, être là sans juger, pour nombre de maltraités des émotions, souvent martyrisés psychologiquement depuis la plus tendre enfance par les pires monstres qui soient, les enfants eux-mêmes, ceux que Patrick Lagacé nommait récemment «Les loups». Le harcèlement scolaire, qu'on appelle aussi le «bullying», doit demeurer au coeur de nos préoccupations.

Le message montré en introduction est une publicité touchante d'une fondation britannique vouée à la défense des droits des gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres: le Albert Kennedy Trust. Des personnalités connues comme l'acteur Sir Ian McKellen, l'humoriste Paul O'Grady et la chanteuse Samantha Fox y apparaissent dans des situations dégradantes qui montrent à quel point leurs existences auraient pu être radicalement différentes, pour le pire, sans le soutien de l'organisme. C'est très réussi. La reprise de la chanson Creep de Radiohead, en choeur, probablement la même version que celle de la bande-annonce du film The Social Network, y est pour beaucoup. C'est ce que j'appelle de la publicité essentielle.

Qui n'a pas une partie de son corps, un rêve, une pulsion, ou encore une préférence secrète qui diffère de la masse? Être ancré assez profondément pour accepter ses propres différences nous apporte ensuite la liberté d'accepter et d'apprécier celles des autres. Comme le chantait Gerry: «Nous ne sommes pas pareils, et pis pourtant, on s'émerveille au même printemps». Car au-delà de toutes les considérations matérielles, n'est-ce pas notre unicité qui donne au monde le peu de beauté qu'il lui reste?

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