lundi 8 octobre 2012

Frileux?


Grosse semaine de tourmente dans le milieu de la publicité québécoise. Deux campagnes attaquées, une publicité retirée des ondes, des victimes d'intimidation outrées, des mères frustrées, à raison, bref, une semaine qui provoque des questionnements. Je trouvais justement, à la suite de mon passage ce matin sur les ondes de TVA à Salut, Bonjour! , qu'il serait intéressant de remettre les choses en perspective.

À la question «Sommes-nous rendus trop frileux envers la publicité percutante au Québec?», la réponse évidente est oui. Mais la réalité est beaucoup plus nuancée. Selon moi, Il faut faire la différence entre une levée de bouclier nécessaire des organismes de défenses des droits des gais (publicité de Familiprix) et une réaction d'allergie émotionnelle forte des mères ayant déjà vécu l'expérience de l'allaitement (publicité sur l'allaitement mettant en vedette Mahée Paiement). Dans le premier cas, il y avait clairement banalisation de la violence entre hommes dans un contexte burlesque de séduction, alors que dans l'autre il n'y avait pas de préjudice causé mais plutôt une irritation provoquée par un schisme des valeurs. Dans les deux cas, une société éteinte et blasée n'aurait pas vu certains de ses éléments réagir. Disons que ça me rassure d'une certaine façon. Était-ce de la rectitude politique? Dans le premier cas oui, dans le deuxième non. 

La société québécoise a évolué depuis 30 ans, lentement, trop lentement peut-être, mais assez pour aiguiser son jugement sur différents enjeux. Ça ne fait cependant pas de nous une collectivité très ouverte, plusieurs courants réactionnaires minant le climat social et ralentissant notre progression. Voici donc en vrac quelques observations qui justifierait notre promptitude à réagir à certaines publicités percutantes...

1- Le refus du conditionnement
La population est blasée par la publicité, on tente de la manipuler depuis 40 ans, on lui a menti, on a abusé de textes légaux illisibles et communiqué des offres frauduleuses ou des prix mensongers trop souvent. Nous sommes naturellement toujours plus critiques à l'égard de ceux qui veulent nous arnaquer. La publicité rentre malheureusement dans ce lot. Notre «boulechite-ô-mètre» collectif s'est sensibilisé avec le temps. 

2- Le bombardement
Le consommateur moyen est bombardé de plus de 5000 stimulis commerciaux par jour et les créatifs ressentent une forte pression de bien démarquer leurs clients de la concurrence. Les annonceurs doivent redoubler d'ardeur pour mériter l'attention du public, de là certains dérapages. Il ne faut cependant pas généraliser, la très grande majorité des messages diffusés demeurent de qualité.

3- Notre personnalité
La société québécoise en est une de consensus. Nous n'aimons pas argumenter, contrairement à nos cousins français, et nous détestons la chicane. Nous avons tendance à rejeter rapidement ce qui remet en question l'ordre établi, insécurité collective oblige. Ce trait de caractère culturel favorise une surutilisation de l'humour en publicité, ce qui constitue une sorte de fuite en avant pour une société adolescente qui n'a pas toujours envie de réfléchir… Mais l'humour est subjectif et les risques qui y sont associés sur le plan de la perception sont plus grands qu'on ne le croirait. 

4- La facilité
Les médias sociaux amplifient les «crises» à la vitesse de la lumière.  Il est plus facile que jamais de décharger son fiel et de contribuer à l'émergence de mouvements de contestation, ce qui n'était pas nécessairement le cas il y a 40 ans. À une époque où les frustrations s'accumulent, nous ne sommes qu'à quelques clics de faire connaître notre opinion à notre réseaux de contacts, voire même à toute une communauté. Rappelons-nous qu'à une époque pas si lointaine, il fallait prendre le téléphone. Notre portée individuelle est décuplée par cette facilité. 

Sur ce, je déclare officiellement une trêve de critique négative pour quelques jours et je vous promets quelques publicités géniales dans mes prochains billets. Car pour être un peu moins frileux, il avant tout commencer par voir ce qui se fait ailleurs!

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