mercredi 20 juillet 2011

Tourner sa langue avant de diffuser



Vous désirez utiliser la publicité pour augmenter vos ventes? Voici cinq choses à ne pas faire:

1- Prendre vos prospects pour des caves
2- Véhiculer des stéréotypes risibles
3- Utiliser l'infographie comme on le faisait en 1991
4- Mal diriger ses comédiens et les exposer à la honte
5- Répéter les 4 premières erreurs à 4 reprises


C'est exactement ce que l'Institut linguistique provincial a fait avec sa campagne publicitaire télévisée diffusée depuis quelques temps. Mais vraiment, la pire erreur, celle qui ne pardonne pas, c'est de ne pas comprendre qu'il est DÉBILE d'investir des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars en média quand notre message, ou nos messages dans le cas qui nous occupe, irritent les consommateurs, s'ils ne provoquent pas tout simplement le mépris. C'est pire que de jeter son argent à l'eau, car ça génère plus souvent qu'autrement le démarketing, soit des résultats négatifs, que ce soit au niveau de la perception de la marque ou directement en affectant les ventes. Au mieux, nous obtiendrons le statut quo. Avec en primes des centaines de gens qui ridiculiseront notre entreprise. Faut pas être un prix Nobel pour emprunter cette avenue. Et je ne mentionne même pas les effets démobilisateurs qu'engendrent inéluctablement une mauvaise publicité sur les employés de l'entreprise…

J'ai souvent parlé sur ce blogue de l'importance du «saut créatif», ce procédé qui permet de conceptualiser le ou les bénéfices d'une marque de manière à faciliter la projection psychologique de la cible et, par le fait même, de provoquer son adhésion. Ici, on a tout simplement «garoché» ce qu'on croyait être les situations qui nécessitent l'apprentissage de l'anglais ou de l'espagnol. On a pris pour acquis que les prospects ne sauraient pas y percevoir leur intérêt sans notre aide. Certains «marketers» confondent leur compréhension du marché avec la communication. Ils errent. Là où ils pensent faire preuve de perspicacité, voire même de ruse, ils bâtissent plutôt malgré eux le mur de la honte de la publicité contemporaine. Où avait-on la tête? C'est réellement une prouesse de ramasser autant de clichés en 15 secondes, particulièrement dans le premier des quatre messages où l'on se surpasse avec le personnage du «touriste» timbré...

Peu importe les raisons qui mènent à la production et à la diffusion de détritus publicitaires, et les raisons sont nombreuses, je n'arrive pas à croire qu'autant d'annonceurs n'arrivent pas à se mettre dans la peau du consommateur. Je veux bien comprendre que le métier de publicitaire est attrayant pour plusieurs, qu'il semble sexy et accessible à tous, mais rien n'est plus faux. Feriez-vous le travail d'un plombier ou d'un avocat à sa place? C'est ça. Chacun son métier et les vaches seront bien gardées. Et surtout, dans le doute, tournez votre langue sept fois avant de dire 254-6011 à la télé.

5 commentaires:

  1. Mathieu,

    Tu fais la distinction entre marketing et publicité. Tu as raison. Pourtant, dans l'imaginaire populaire ce sont presque des synonymes. Un billet ? Une chronique télé là-dessus ?

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  2. Ce qui me chicote particulièrement, c'est qu'au delà du marketing et de la publicité, il y a d'abord une méprise quant à ce qui forge une communication réussie... Pas besoin de grandes connaissances en marketing et en publicité, il faut d'abord savoir communiquer et c'est souvent la première gaffe en création publicitaire... Un publicitaire ou un marketeur qui ne sait pas communiquer à la base, ce n'est pas un vrai créatif... Il ne peut logiquement guider ses clients; il ne peut que se plier à leurs exigences profanes...

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  3. Ce n'est ni du marketing, ni de la publicité, mais de la réclame comme mon grand-père en faisait en 1960... Pathétique comme image pour l'institut linguistique... cela ne me donne pas envie...
    mais c'est vrai qu'avec un mac et Imovie on a vite fait de se prendre pour une agence...

    Bref ! le premier bénéfice est que je ne me trouve pas si poche que cela avec mes vidéos amateurs...

    http://youtu.be/Ro56USu-Vxc

    Quand on s'analyse on s'inquiète mais quand on se compare... on se rassure !!!

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  4. Suis-je dans le segment ciblé ? Heu.... je sais pas ! On dirait avec leurs clichés qu'ils ont voulus cibler la Terre entière. Une vision mass media tellement plus de notre temps.

    En tout cas quand je vois ce genre de truc à la télé, j'adore. J'aime les clichés, j'aime la mauvaise qualité, de même que les nanards (terme français), films de série Z ou douteux (allez jeter un coup d'oeil à douteux.org). Ces mauvaises images me ramènent à la réalité.

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  5. À ce niveau, je n'arrive plus à être fâcher...

    Les pubs de yogourt me foutent en rogne. Les annoncent pourrient de concessionnaires automobiles aussi.

    Mais quand on arrive à un point de médiocrité aussi énorme, la colère se transforme en pitié. Cette publicité ne fait que des malheureux et ça me rend triste...

    Le client ne sera pas heureux car il ne verra jamais un impact positif suite à cette... publici... annon... cochonnerie (désolé... y a pas d'autre mot).

    Les comédiens ne garniront pas leur portfolio avec ça... Et ils se feront niaiser un bon moment par les leurs...

    L'agence, studio, travailleur autonome, cousin, beau-frère, nièce, chiwawa, ou peu importe qui a exécuté le travail n'a rien pour être fier et ça ne l'aidera JAMAIS à s'attrapper d'autres clients. À moins d'avoir une DeLorean qui roulent à 85 miles à l'heure, ce courant graphique et cette technique ne reviendra JAMAIS à la mode.

    Et, le plus écorché de tous, le public se voit manquer de respect... Le public comprend tout de suite qu'on le prend pour un tapon de 3e classe. Ce ton débilisant. Ces couleurs criardes et désagréable. La "réalisation" maladroite et risible. Le spectateur se fait LITTÉRALEMENT déranger chez lui, dans son salon, sous son propre toît, avec cette insulte télévisuelle.

    Personne n'y gagne... C'est vraiment triste...

    La prochaine fois, chère Institut, investissez donc sur des 15 sec. purement informatifs. "Vous voulez apprendre l'anglais? Ne vous posez plus la question, 254-gna gna gna gna..."

    Zéro concept, j'en conviens... Mais zéro désagréments. C'est toujours bien ça de gagner.

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