lundi 11 novembre 2013

L'hypocrisie olympique



«Ils nient les principes moraux et traditionnels qui représentent les fondements des identités culturelles traditionnelles. Ils implantent des politiques qui mettent sur le même niveau les grandes familles aux couples du même sexe, qui comparent la croyance en Dieu avec celle en Satan.»
- Vladimir Poutine, président de la Russie (en référence au lobby occidental relatif aux droits humains)

Dans quelques mois reprendra l'une des séries télé la plus populaire sur la planète, celle des Jeux olympiques d'hiver. Sotchi, station balnéaire russe de la mer Noire (oui, oui, balnéaire, vous avez bien lu), en sera l'hôtesse. On parle d'une ville située à 1360 km au sud de Moscou, dans une région appartenant autrefois à la Géorgie. Un genre de Myrtle Beach russe avec des montagnes en trame de fond.

Or, la Russie, pour bien s'harmoniser aux valeurs olympiques universelles, vient tout juste, en septembre dernier, d'adopter une loi qui rend illégale toute représentation ou promotion (un concept bien vague) de l'homosexualité aux jeunes. Exit tout défilé de la fierté gaie pouvant être vu par des jeunes. Bye bye à toute forme d'expression personnelle pouvant mener à communiquer son orientation. La grande noirceur féodale. Mais surtout, et c'est là que le bât blesse: le régime faussement démocratique de ce cloune autoérotisé de la Baltique avalise implicitement l'homophobie et attise les démonstrations de haine et de violence d'un peuple déjà reconnu pour ses excès envers ses minorités. Mais si la Russie, et c'est son droit le plus strict de légiférer sur son territoire par l'entremise de son gouvernement fantoche, se sent forte de ses prises de positions rétrogrades et populistes, comment accepter la posture du CIO qui cautionne la situation, allant même jusqu'à minimiser sa portée? 

L'idéal olympique a toujours été noble. Et on le sait, il a depuis des lustres été trahi par la théocratie de dirigeants aussi séniles que cupides. Alors pourquoi continuer d'embarquer dans cette galère en consommant massivement la programmation olympique et les grandes marques qui s'y attacheront? Et du point de vue des marques, pourquoi s'arrimer à une organisation qui compte l'hypocrisie comme valeur première? En cette ère où l'honnêteté et la vérité en publicité sont devenues des piliers sur lesquels les grands annonceurs doivent fonder pragmatiquement leurs plateformes de communication, il m'apparaît stupide d'accepter d'être complice d'un régime de haine et de répression envers les communautés LGBT. Sommes-nous en 2013?

À quand une grande marque qui osera se démarquer du lot en dénonçant l'hypocrisie du CIO et de ses complices? À quand une prise de conscience collective qui dépassera les intérêts personnels de divertissement pour enfin faire payer le prix aux rétrogrades et à leurs alliés? À quand une mobilisation des parties prenantes pour induire au CIO une pression irrésistible dans le sens des intérêts communs? Ce jeune Moscovite qui essuiera les coups d'une bande de malfrats homophobes, ça pourrait être votre fils, votre frère, votre ami. Ne l'oubliez pas. En ce qui me concerne, contribuer à l'esprit olympique cette année se résumera à se mettre la tête dans le sable. Ne comptez pas sur moi.

1 commentaire:

  1. Si Pierre de Coubertin voyait ce "vortex" du capitalisme néolibéral qu'est devenu l'olympisme depuis 1896, je crois ne pas faire erreur de penser qu'il en aurait des maux de cœur, à moins que je fasse preuve ici d'un idéalisme innocent.... ce dont je doute.

    Nous sommes à des années lumières de cet idéal olympique, tel qu'imaginé et voulut par son fondateur moderne: ce n'est qu'une grosse machine à piastre où les valeurs qui l'avait jadis sous-tendues ont été réduit à néant par le dieu argent et profits.

    C'est une décadence à l'image de ce qu'est devenue l'Occident.

    Et une décadence mène toujours à une chute. Parlez-en aux Romains...

    Excellent billet Mathieu!

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