dimanche 18 août 2013

Wannabe



Votre cible: les ados. Votre prémisse: sont nuls. Votre stratégie: vous donner une attitude. Le résultat? Un annonceur qui croit faire de la pub, mais qui en fait n'en fait pas. Le média est bien publicitaire, la forme et le message aussi, mais tout ça est tellement faux et bourré d'erreurs que ça ne peut pas être considéré comme de la pub. Voici mon analyse en quelques mots.

Pour débuter, j'ai fait un petit sondage perso, bien au-delà de l'opinion de l'Office québécois de la langue française, pour vérifier si le terme «air conditionné» résonnait vraiment auprès des jeunes. La conclusion de mon enquête: non. Ça marche pas. Les jeunes parlent de clim, pas «d'air conditionné». Car nous sommes en 2013, pas en 1963. Plusieurs s'obstinent sur la légitimité du terme «conditionné», mais un fait demeure: dans le contexte de cette pub, au possessif, on devrait parler de climatiseur, de l'appareil, simplement parce qu'on ne peut pas être propriétaire d'une quantité d'air. Erreur évidente engendrée par une mauvaise stratégie.

Ensuite, si on veut me faire franchir la porte d'une succursale de La crémière, faudrait à tout le moins tenter de me démontrer pourquoi je devrais y aller. Là, c'est totalement indifférencé. N'importe quel fabriquant de crème ou de friandise glacée pourrait utiliser le même slogan. Une belle formule publicitaire qui ne signifie rien en terme de séduction pertinente.

Ensuite une signature on ne plus bête:  «Parce que.» Ici, on a affaire à une belle prétention dénuée d'intelligence, mais bon, je vous le disais en intro, la prémisse est basée sur la lobotomisation massive des adolescents.

Finalement, un logo pas très joli en bleu sur fond rouge, pour un minimum de contraste et de lisibilité, ce qui mine intensivement l'attribution de la marque.

En conclusion, tout ça n'est qu'une belle petite attitude bien à la mode en pub ces temps-ci, mais rien de plus. 

Révision
La dernière phrase manquait de respect à l'égard d'un créatif, que je ne connais pas, mais que je dois tout de même respecter malgré mes divergences, alors je l'ai modifiée pour demeurer conséquent avec mes valeurs. Erreur sincère du lanceur. Mea maxima culpa.

6 commentaires:

  1. Je te trouve dur un peu ! Pour ma part j'ai remarqué cette pub dans le métro et j'aime bien, la base est là ! Mais en effet le texte aurait dû se lire : Parce que ton «air clim» se mange pas (mais est-ce français ?). Pour ce qui est de la couleur du logo sur fond rouge je suis d'accord avec toi :-)

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  2. Moi le slogan "Parce que" je le trouve très bon et plutôt audacieux. Ça m'a plu dès le départ.
    À l'heure de la bouffe santé, bio, grano, sans gluten, allez se chercher une bonne crème glacée relève de la désobéissance Des fois, t'as juste le goût de ça pis ya pas de raison, c'est juste "parce que". Pour moi, ça résonnait vrai.

    Je trouve ça à la fois drôle et fort parce que le produit n'a pas besoin de se justifier. Non, ça ne titille pas mon intellect, mais ça me fait sourire.

    De plus, ça m'amène à penser à toutes les raisons pour en prendre une : parce que t'es content, parce que t'es pas content, parce que t'as chaud, parce que t'es enceinte, parce que c'est l'été, etc. Ça laisse la porte ouverte, c'est inclusif.

    J'avoue que c'est interchangeable et pourrait être utilisé des produits fast-food... Une poutine "parce que".

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  3. Je n'avais pas vu cette pub là. J'avais vu celle qui disait quelque chose comme: PARCE QUE T'AS CHAUD ET TU NE RENTRES PAS DANS LE FRIGO.
    J'avais aussi vu leur Napkin qui dit Parce que t'as pas apporté de linge de rechange. Mon gars avait trouvé ça drôle, c'est pourquoi je m'en rappelle.
    En fait, si la cible était les professionnels du marketing ou de la langue française, je serais totalement d'accord avec le propos de l'article. Et en tant que professionnel du marketing, je suis plutôt d'accord avec le logo qui frappe pas assez. Or, je suis aussi d'accord avec toi Geneviève Piquette, c'est un peu dur. Surtout la fin. La phrase qui dénigre les gens qui ont travaillés sur cette campagne. La dernière phrase est superflue. Et le terme wannabe est loin d'être dans le Petit Robert.

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  4. Merci Dorianne pour ton commentaire éclairé et éclairant.

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  5. Martin : Merci pour votre commentaire... J'ai bien fait l'exercice de questionner les jeunes de mon entourage vant d'écrire le billet... Oui c'est dur, peut-être trop, j'en conviens, et le titre fait référence à la facilité et à l'anglicisme en avant-plan. Bref, je me suis relu et j'assume le tout avec un bémol sur la dernière phrase.

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  6. Jugement bien méritée pour cette pub en particulier, cependant je n'ai pas vu la déclinaison sur les autres lieux et supports. La napkin me semble sympathique selon les dires de M. Duchesne.

    J'avouerais aussi te trouver dur non pas avec la pub mais en pointant et qualifiant le créatif en question. Ça m'a surpris sachant que tu es autant sensible au contexte de création qu'au rendu final. Une merde sans nom peut être produite par un véritable dieu de la pub selon ce contexte de création. Sans nommé la dynamique du client et de son équipe d'approbation.

    En dehors de ça, je trouve aussi que cette approche publicitaire genre « ado post-grunge 1996 » est un peu faiblarde. Surtout quand on pense que cette attitude a tellement été DOMINÉ à plate couture par SLOCHE voilà pas si longtemps. Sloche est tout simplement indétrônable dans ce domaine alors on voit ici la parcelle d'une photocopie floue d'un semblant d'inspiration de ce même genre d'approche.

    Et, point de vue personnelle, tenter de greffer une attitude adolescente « vedge-genre-style-comme » à une marque nommée La Crémière, je trouve ça un peu con. Haha. J'imagine plus une Mme Cora Déjeuner avec ce nom et non pas une ado avec une coupe de cheveux d'emo. :P

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