mardi 12 février 2013

Une cause perdue


Si un ami vous dit qu'il va vous référer à son employeur si vous le mentionnez à tous vos amis communs, qu'allez-vous penser de lui? Si un collègue propose de vous donner un conseil en exigeant que vous partagiez son altruisme à toute l'équipe pour le faire bien paraître, qu'allez-vous penser de ce collègue? Si un membre de votre famille vous prête de l'argent pour vous dépanner lors d'une mauvaise période, mais vous demande en retour de le vanter lors du prochain souper familial, qu'allez-vous penser de lui? Si je vous offre 20$ en échange d'un tweet très élogieux concernant mon blogue, qu'allez-vous penser de moi? Comment allez-vous vous sentir? 

L'implication sociale d'une entreprise qui évolue dans une économie de marché peut sembler bidon. Je ne doute toutefois pas que certains individus bien intentionnés puissent faire avancer des causes nobles à l'intérieur d'entreprises cupides par nature. Mais ne soyons pas dupes, un fait demeure: une société cotée en bourse, redevable à des actionnaires intéressés uniquement par les profits, n'existe-t-elle pas avant tout pour rencontrer leurs exigences? 

Et si cette entreprise, après avoir probablement causé des dépressions à des centaines d'anciens employés, tout comme des souffrances psychologiques intenses à des milliers de clients encore sous le choc d'avoir eu à se perdre inutilement dans tous les dédales de sa «maison des fous» pour tenter de régler un différend, tente de se redonner une petite virginité à chaque année en appuyant la cause de la santé mentale, le tout par un échange vulgaire de visibilité contre des dollars sonnants et trébuchants, qu'allez-vous penser d'elle? 

C'est ça. Moi aussi. C'est pourquoi je cause sur sa cause à elle. Car à défaut d'être tous parfaitement équilibrés, nous ne sommes pas assez stupides pour croire à sa bonne foi. Mêler la diffusion d'une image de marque à un don de cette façon est odieux, peu importe les intentions des décideurs derrière l'opération. En ce qui me concerne, Bell, ta cause est perdue.

3 commentaires:

  1. On peut participer sans toutefois être dupe sur leurs intentions réelles.
    Personellement, j'envoyé quelques tweets contenant leur # hier.
    L'ai-je fait pour glorifier une corporation qui martelle sans cesse à quel point elle est généreuse, ou simplement pour forcer celle-ci à débourser quelques cents de plus?
    La réponse se retrouve peut-être dans le fait que je n'ai pas été client de Bell depuis le siècle dernier...

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  2. Même s'il y a peut-être un manque de bonne foi comme tu le dis, c'est tout de même de l'argent que les différents organismes n'auraient pas reçu autrement.

    Doit-on envoyer environ 4 millions $ de don simplement parce qu'il s'agit un plus d'une campagne publicitaire?

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  3. Mike, ta question est très pertinente. Évidemment, la réponse évidente semble non. Mais si on se recule un peu, des questions plus complexes se posent, comme celles de la fiscalité des entreprises, du financement des OSBL et de la dépendance au bon vouloir arbitraire de grandes entreprises qui n'ont que leur profit à coeur. Pourquoi Bell donne-t-elle à cette cause au détriment d'une autre? Et doit-il y avoir une cohérence entre la cause choisie et l'identité de l'entreprise? À une question qui semble simple, ma réponse est plus nuancée. En fait, je ne crois pas que le financement des OSBL sociétales devrait dépendre de l'air du temps, des modes ou de stratégie marketing. Je crois que c'est triste que ce soit ainsi. J'aimerais que nous soyons collectivement plus évolués et que ce financement soit assumé équitablement par nous tous, idéalement via nos taxes et impôts. En bref, je taxerais plus les grandes entreprises et je redistribuerais le tout de manière juste ensuite aux organismes. À chacun son rôle.

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